Après la preview, et forts d'une version américaine déjà disponible, ce ne sera une surprise pour personne : God of War II réussit son pari de prolonger la fièvre d'une des toutes meilleures licences d'action moderne. Une aventure à la dimension épique époustouflante, que même ceux qui ne jurent plus que par la next-gen et la HD auraient tort de rater. Ne serait-ce que pour patienter et être bien préparé au troisième volet, sur PlayStation 3, et que la fin du II appelle d'un force, mais d'une force...
Je ne sais pas trop par où commencer. Où plutôt quoi dire qui ne soit pas juste une enfilade de superlatifs consacrés à God of War II. Ben oui, quoi, comprenez-moi... ce n'est pas simple de faire la critique de quelque chose qui n'a foncièrement rien de critiquable. D'aucuns rétorqueraient que le jeu parfait n'existe pas, qu'il y a toujours moyen de prendre du recul et de soulever quelques éléments moins enthousiasmants que d'autres... Mais quelle importance ? Je n'ai ni envie de chercher la petite bête, ni de bouder l'immense plaisir que ce titre m'a donné pour satisfaire à la soi-disant objectivité. Au moins vous êtes prévenus.
Dieu, mais pas trop longtemps
Pour ceux qui n'auraient pas déjà jeté un oeil à nos premières impressions, rappelons brièvement la scène d'ouverture de Divine Retribution. Kratos, vainqueur par K.O. d'Arès dans le premier volet, se retrouve Dieu de la Guerre, et ravage tout sur son passage sous la bannière de Sparte, contrariant ses pairs divins de l'Olympe. Ni une ni deux, au moment de l'assaut final de Rhodes, Athéna le réduit à une taille humaine... et anime le Colosse de la baie portuaire contre lequel le combat va s'engager. God of War II s'ouvre ainsi sur une scène particulièrement épique... et ça n'en est qu'une parmi tant d'autres que c'en est indécent. Bref, tout ça pour répondre à une question légitime : si Kratos commence Dieu, en quoi progresser ? Faux problème évidemment puisque peu de temps après son affrontement face au Colosse, Kratos se retrouvera privé de son statut et de ses pouvoirs. On repart donc à zéro très tôt. Voilà qui laisse le champ libre au système de progression.
Du neuf, du vieux
Parmi les pouvoirs que Kratos pourra récupérer au fur et à mesure de son aventure, histoire de reconquérir sa superbe, on retrouve des fondamentaux du premier épisode (la tête de gorgonne pour pétrifier les ennemis), mais l'essentiel est nouveau. Ce qui distingue un peu ce volet du précédent, c'est la disponibilité mieux répartie de ces améliorations : armes secondaires, sorts, ou artefacts donnent à Kratos un éventail de capacités plus large, et surtout utilisables simultanément. Planner avec les ailes d'Icare, contrer une attaque ennemie pour la renvoyer et utiliser les chaînes d'éclairs de Chronos : autant de possiblités entre lesquelles on n'a pas à choisir, puisqu'elles sont toutes superposables. Les combats s'en retrouvent plus dynamiques, et plus profonds pour les as de la manette, qui vont pouvoir, en plus du déluge de combos disponibles pour chaque arme, s'en donner à coeur joie en contres, alternances de sorts et déplacements maîtrisés. Mais, au final, même s'ils sont incontestablement extraordinaires, les combats "normaux" (donc hors Boss) de God of War II ne sont pas à mon sens sa plus grande force.
Mythologie grecque revue et corrigée
Les passionnés de ce domaine auront deux réactions au choix : soit un rejet total de l'adaptation plutôt super libre des légendes Grecques, soit un sentiment d'en voir la version définitive se développer magistralement sous leurs yeux. Alors, c'est certain, se plonger dans l'histoire de God of War II avec l'esprit d'un intégriste de la mythologie à laquelle il emprunte serait un peu stupide. Il faut bel et bien, au contraire, profiter d'un graphisme époustouflant en termes de design, d'échelle, et de superbe mythologique : considérablement plus épique que ceux du premier, les niveaux de God of War II en collent simplement... plein la gueule ! Certains passages resteront imprimés au fond de vos rétines pour un bon moment, tellement le travail artistique de l'ensemble a tout compris au mot Grandiloquent. Côté histoire, si elle n'offre guère de subtilités, elle est tellement bien contée et portée par le jeu lui-même qu'on la suit, haletant, impatient de découvrir quels seront les challenges que Kratos devra affronter scène après scène pour se rapprocher de sa vengeance.
Les boss les plus mémorables du moment
A ce level design qui force le respect, il faut ajouter dans cette mixture d'épique ce qu'on est forcé de nommer les meilleurs combats de boss qu'on ait vus depuis longtemps dans un jeu d'action. Souvent structurés autour de différentes phases, ces combats reprennent bien sûr les fameux Quick Time Event du premier, mais offrent tantôt un vrai challenge de dextérité (le combat contre Thésée ou celui, final, contre Zeus), tantôt des puzzles bien sentis (le Kraken, la dernière des Soeurs du Destin). C'est un régal qui remémore les grands moments passés sur certains vieux shmups face à des boss de plusieurs écrans, avec le gameplay plus évolué des jeux modernes en sus. Nombreux, magistraux, tous ces boss sont définitivement la marque de fabrique de God of War II.
Pour tous les goûts
Plus encore que dans le premier, l'alternance entre combats, puzzles, et plate-forme fournit un rythme agréable, même si certains pourraient au contraire trouver quelques passages moins trippants s'ils sont obsédés par un seul type de gameplay. On regrettera cependant surtout certains passages trop courts, à commencer par la scène à dos de pégase, finalement moins enthousiasmante que prévu. Mais aucun ne se révèle pénible ou moins soigné que les autres, et la difficulté bien balancée, alliée à une durée de vie correcte (quoique sans y faire attention, on pourrait le dévorer d'une traite tant il est dur de lâcher la manette) en font définitivement un titre majeur à posséder dans sa ludothèque.
A jouer d'urgence
Je pourrais continuer des heures à chanter les louanges de ce titre, vanter les mérites des secrets à découvrir et à collectionner, des challenges disponibles une fois le jeu fini, et d'une fin sobrement titrée "The end begins..." pour nous cliffhanguer la tronche vers le troisième volet, mais j'ai déjà assez spoilé. Décidément, après le superbe Okami, l'excellent Final Fantasy XII, la PlayStation 2 nous procure encore beaucoup de bonheur. Espérons qu'il en sera de même avec la 3.